derrière l'écran

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  J’étais étendue sur le lit, le coeur battant la chamade. Je regardais mon plafond, ce bon vieux plafond couleur crème que j’avais choisis moi-même et qui m’écœurais tellement aujourd’hui. J’étais tellement monotone, je choisissais toujours les mêmes choses. Toujours la foutue slush à la cerise, toujours la crème molle à la vanille enrobée de chocolat. J’avais le même amoureux depuis l’âge de seize ans. Le même… Ce mot résonnait dans ma tête comme un écho insupportable. J’avais une drôle envie de vomir en y repensant. Cet homme que j’avais épousé l’année de mes vingt-six ans, après dix ans de relation et une fillette de huit ans…je ne l’aimais plus. Je me retrouvais âgé de trente-et-un ans, couchée dans mon lit avec l’étrange impression que j’avais ratée ma vie. C’était le pire sentiment de l’humanité, avoir l’impression d’avoir gâchée la seule chance que nous avions. Pourquoi avais-je fait un geste aussi stupide ? Simplement parce que je croyais pouvoir le faire… je croyais pouvoir vivre heureuse sous prétexte que nous étions aisés et qu’il était un mari et un père hors du commun. Lui comme moi savions toutefois que notre relation n’allait nulle part. Nous le savions depuis bien avant notre mariage…

Je soupira, retenant mes larmes. Je n’en pouvais plus, je ne pouvais plus faire semblant d’être folle amoureuse. De toute façon j’avais déjà de la difficulté à le faire, j’avais déjà de la difficulté à démontré à l’homme avec qui je partageais ma vie les sentiments que j’éprouvais pour lui. Il en souffrait, je le voyais bien. Je ne suis pas aveugle ni insensible, mais il était pour moi une sorte de sécurité. J’étais avec lui depuis tellement longtemps… presque vingt ans de ma vie auprès de lui, y’avais de quoi avoir la frousse de tout abandonnée ! J’étais une brillante recherchiste dans mon domaine, j’avais une belle vie plutôt enviable. Je me trouvais stupide à cet instant précis de préparer le discours que je lui sortirais à l’heure du petit déjeuné. Je devais tout lui dire… absolument tout.

Je me tira mollement du lit, enfila un bas de pyjama déposé sur le sol et quitta ma chambre. J’entendais ma fille de treize ans rire avec son père dans la cuisine, en descendant les marches je me répétais sans cesse que je ne devais pas flancher. Je savais quel scène m’attendait en tournant le coin me conduisant à ma cuisine. Océane était installée sur une chaise et mangeait des framboises fraîches le temps que mon époux, Phillipe, faisait la vaisselle du petit déjeuné en racontant des blagues à notre fille. Cette scène était je le savais, la dernière que je voyais. « Bon matin mon amour ! » lança joyeusement mon amour de jeunesse en s’essuyant les mains sur son tablier, il s’approcha pour venir m’embrasser, comme une faible je répondis brièvement au baiser. « Océane, j’aimerais parler à ton père un petit instant. » Ma fille, une mignonne blonde aux yeux verts vint me serrer dans ses bras en quittant la pièce, Ipad à la main.

A SUIVRE