« Petit rien, petit bout… de rien du tout. »
Tout le monde naît un jour, comme tout le monde finira six pieds sous terre mais, toi… quelque part, tu aurais peut-être préféré ne jamais voir le jour. Oh tu n’as pas toujours dit ça mais, au bilan de quarante années c’est au final ce qui revient. Bien sûr que tu n’as rien demandé et surtout pas de pousser ton premier cri ce soir d'août pendant que la tempête faisait rage à l’extérieur. C’était une journée sans joie et pourtant, en général tout le monde se réjouis de la naissance d’un enfant. Hélas, tu vis le jour dans une famille où le père tyrannique et haut gradé dans l’armée britannique rêvait d’une fille et non d’un garçon. Oh, il l’avait eu cette petite fille, cette jolie Anne mais, elle les avait quitté à l’âge de trois ans terrassé par la maladie. Ils avaient remis le couvert mais, ce n’était pas une fille qui était venue au monde… Simplement toi, un garçon bien portant aux cheveux foncés et aux yeux aussi clair qu’un ciel d’été. La première fois que ta mère te verra, elle pleurera et non pas de joie loin de là… Car, même si dans son cœur elle t’aime plus que tout, elle s’en veut de t’avoir mis au monde et à te promettre ainsi à une vie qui ne sera pas rose… pas du tout même. Elle connaît son mari, ce personnage sévère, tyrannique et violent. Elle devine déjà ce qui se passera. Ô oui, elle connaît déjà la suite de l’histoire… et elle aurait préféré rien que pour ça que tu sois une fille. C’est elle qui choisira ton prénom : Richard, coupant ainsi à la tradition qui veut que tout les fils Northwood s’appelle : John, bien que tu hériteras de ce prénom en seconde position.
« Plus grandir… j’veux plus grandir »
Rapidement, tu apprendras que dans ta famille, on est militaire de père en fils, parfois même de père en fille. Ton chemin est déjà tracé, depuis l’instant même de ta conception et tu n’auras pas le droit ni à l’erreur, ni à choisir une autre voie. C’est comme ça, pas autrement. Tu apprendras dans la douleur que quand ton père parle, tu te tais, qu’il est l’autorité supérieur et que tu n’es qu’un cafard à ses yeux. Il ne voulait pas d’un garçon et tu en es un. Tu as même essayé de te déguiser en fille pour lui plaire et cela t’as valu une fameuse raclée. Au final, ce père tu préférais quand même quand il n’était pas là, tu n’étais que plus heureux quand il partait avec l’armée. La seule chose qui te faisait tenir, c’était ces moments trop rares de complicité avec ta mère. Tu as hérité de ses yeux, de sa douceur et de sa force. Parfois, tu te demande comment elle peut tenir le coup, déjà toi ton corps commence à manifesté qu’il n’en peut plus et ton psychique flanche tout doucement. Bientôt, tu invente comme excuse pour la fête des pères que ton père est mort. «
Richard ! Comment tu peux dire une chose pareille ! Ton père n’est pas mort » Ce fût la première claque que ta mère te mis et l’instant d’après en voyant tes yeux bleus se remplir de larmes, elle te prit dans ses bras. Finalement, elle comprenait pourquoi. «
Je le déteste ! Je veux qu’il meure ! »
« Un, papa a tord… deux, c’est beau l’amour »
Adolescent, tu fais tout pour évité les remontrances, non tu ne te considère pas comme un enfant battu, juste comme un enfant non voulu qui doit tenir le coup et faire tout pour éviter les coups. Ainsi, dans l’institution privé que tu va fréquenter jusqu’à ce que tu es l’âge d’entrer à l’école militaire, tu es un élève exemplaire, calme, discipliné. Tu choisi des activités d’hommes et pas de mauviettes. Tu fréquente des cours d’art martiaux et lentement tu comprends que cette fois c’est gagné, qu’il n’a plus rien à te reprocher. Sauf, une chose… Une nouvelle fois une joue rougie, une chambre, un lit et deux jeunes hommes plus que déshabillé. «
Plus jamais, tu m’entends ?! Je ne tolérerais pas que mon fils soit un déviant… un anormal ! » L’envie d’hurler à ce géniteur que tu n’es que son fils quand ça l’arrange te brûle les lèvres mais, tu te tais et tu ravale ta colère. «
Tu m’as compris, Richard ?! » Tu relèves les yeux. «
Oui, père… » La porte s’est refermée en claquant sur ton géniteur et sur ton petit ami de l’époque. Une cigarette allumée et l’envie de sauté par la fenêtre mais, non il ne te tuera jamais. Tu l’as juré, c’est toi qui l’enterreras, pas lui ! Un mois après, tu rentreras à l’école militaire, bienvenue dans la famille Northwood,soldat !
« Il me faudra du courage mais, tu ne le dis pas… »
Il est des choses, des surprises que nous réserve la vie, parfois mauvaise et parfois excellente. Comme cette rencontre avec Sophia, une ravissante jeune femme qui faisait des études de droit. Hélas, toujours sous la coupe de ton père qui réclame corps et âmes que tu épouses la fille de son influent ami, tu vas enfin avoir le courage de te libéré de tes chaînes. L’amour, on dit souvent qu’il renverse toutes les barrières. Une nuit, tu quitte tout et tu t’en vas sans jamais te retourner, sans mots et sans un bruit. Tu quitteras l’armée, de toute façon il était prévu que tu serves dans l’administration après cette terrible blessure à la jambe. Que t’importe… autant refaire sa vie quand on est si jeune. Tu retourneras sur les bancs de l’école pour faire ce dont tu as toujours rêvé : étudier la médecine vétérinaire. Oh oui, c’est long surtout quand on a déjà tant donné pour arrivé au grade de capitaine dans la Special Air Service Britannique des années au par avant. Et puis, dorénavant marié avec Sophia, il faut que le ménage tourne même si un enfant n’est pas prévu pour tout de suite. Entre étude et petit boulot pour vous permettre de vivre décemment la vie s’écoule tranquillement. Enfin, tu obtiens ton diplôme et rapidement tu trouve une place de vétérinaire à Londres, l’année semble être excellente pour toi et elle le sera d’avantage lorsque tu apprendras que ton père n’est plus de ce monde. Certes, on ne se réjouis pas de la mort mais, tu n’en es pas triste pour autant. En revanche, plus aucunes nouvelles de ta mère, ceux qui la connaissais bien dise qu’elle est partie quelques années après toi refaire sa vie. Il est temps que tu ais une vraie famille et elle commencera par la naissance d’Emily.
« Mais mon Dieu à quoi je sers ? Sans doute à rien du tout. »
Rien ne dure jamais et tu l’as appris à tes dépends. Quelques années seulement après la naissance d’Emily, on lui diagnostique une leucémie. Si, tu sais que tout a été tenté pour la sauvé, cela ne diminue en rien la douleur de la perte de son enfant. Comment la vie peut-être aussi cruelle après tant d’année de bonheur ? La relation avec Sophia se dégrade lentement, vous ne vous parlez presque plus, vous faites chambres à part. Une nuit sur la route, il pleuvait des cordes, pour quelles raisons est-ce que vous vous disputiez encore ? Tu as perdu le contrôle du véhicule et vous avez volé dans le fossé. Sophia ne s’en sortira pas mais toi, si. Est-ce que tu aurais préféré mourir à sa place ? Probablement… Les ponts avec la belle-famille furent irrémédiablement coupés… Qu’est-ce qui te retenais encore en Angleterre ? Rien. «
Où allez-vous allez maintenant ? » Haussant les épaules et dépendant des antidépresseurs, tu ne savais pas trop bien. «
Ailleurs… oubliez et recommencer. » Le médecin te sert la main en te souhaitant tout le courage du monde. Recommencer… ce mot là tu le connais bien, ce n’est pas la première fois. Un avion, la traversée d'une partie du monde et bienvenue aux États-Unis à Greenfields !
« Tant que je respire… j’espère »
Te voilà arrivée à la quarantaine, docteur vétérinaire ainsi que propriétaire de ton haras et depuis près de cinq ans maintenant tout semble se passé pour le mieux. Les antidépresseurs sont du passé, si malgré tout les coups de blues sont fréquents, tu n’es pas une épave ni un mauvais vivant. Certes, plus aucunes attaches sentimentales à part tes animaux, les amis, ta cousine et son fils bien sûr! Mais, tu ne veux plus revivre le chagrin de la perte d’un être cher. Tant que tu respire, tu espère… terrassé, tu t’es relevé… Et il semblerait que pour une fois, le malheur est bien derrière.